Sabbi Appanna, CFO du groupe Aptis « Nous avons préservé tous les emplois et payé les salaires au complet pendant le confinement »

 

Vous êtes CFO d’Aptis, un groupe en pleine expansion. Quelle est votre analyse de l’économie en cette année 2020 surtout avec le COVID-19 ?

Maurice, comme de nombreux pays, n’a pas été épargné par la crise sanitaire. La pandémie a eu un impact sans précédent sur l’économie du pays. Les prévisions faites en début 2020 ont été chamboulées par les évènements que nous connaissons. Toutes les activités économiques ont été perturbées, sans compter l’effet domino que cela a causé sur les stakeholders.

L’impact économique de cette crise sanitaire sur tous les secteurs est indéniable.  Le tourisme et l’aviation qui représentent 24% du PIB, la construction, le textile… sont les plus touchés. On pense également aux autres économies qui dépendent de ces secteurs d’activités.

Je dirais entre autres que les autorités ont plutôt bien contenu la pandémie, ce qui a permis une reprise des activités 2 mois après le début du confinement. Notre attention se porte maintenant sur la réouverture des frontières et la relance tout en prenant garde à une 2e vague.

L’économie mauricienne pourra-t-elle s’en sortir ?

Pour le budget 2020, le gouvernement a eu suffisamment de fond avec la BOM pour permettre la relance post-COVID. Des mesures ont été annoncées pour aider les compagnies en difficulté. Si elles sont correctement appliquées, cela devrait permettre la sauvegarde d’un maximum d’emplois.

L’aide dans le secteur de la construction devrait également appuyer la reprise en créant de l’emploi, à court terme certes, et ainsi contribuer au PIB.

Par contre, la ‘corporate tax’ de 0,1 % sur le chiffre d’affaires des groupes dépassant les Rs 500 million aura une incidence sur le prix des produits et services. En effet, les compagnies devront prendre des mesures pour financer ces coûts additionnels.

Nos 4 piliers, qui sont Distribution, Commerce, Property et Associates nous ont permis de traverser la tempête

Comment la crise a-t-elle fait réagir les compagnies et entrepreneurs ?

La crise a poussé les groupes, entreprises et entrepreneurs à réfléchir différemment pour s’adapter à la situation.

Pendant la période de confinement, on a noté l’émergence de nouveaux services en ligne comme celle de la livraison pour tous types de denrées et produits. Les achats en ligne ont explosé, ce qui démontre un changement dans l’habitude des consommateurs. Par exemple, le Mauricien avait comme pratique de se rendre chez son marchand de légumes, mais avec le confinement, il s’est tourné vers l’achat de paniers sur les sites internet.

On a également constaté que le ‘Work from home’, durant lequel beaucoup de Mauriciens ont découvert une nouvelle façon de travailler, a pris de l’ampleur. Les employeurs ont dû s’adapter face à la situation pour permettre la continuité des opérations, même minime. Chez Aptis, certains employés ont pu assurer un service minimum avec le télétravail.

Est-ce que ces nouvelles habitudes feront partie intégrante du new normal ou est-ce que les Mauriciens – employés et consommateurs- retourneront à leurs anciennes habitudes ? À l’heure où les choses évoluent rapidement, il est difficile de se prononcer.

Quel a été l’impact du COVID sur les activités du groupe et comment Aptis a-t-il réagi ?

Aptis a la chance d’être un groupe diversifié. En effet, nos 4 piliers, qui sont Distribution, Commerce, Property et Associates nous ont permis de traverser la tempête. Je tiens à préciser que tous les emplois ont été sauvegardés et les salaires payés au complet lors des 2 mois de confinement.

Au niveau de TNS Tobacco, il faut dire que notre système de livraison est bien rodé. Malgré une semaine d’inactivité, le temps de recevoir les Work Access Permit, nous avons pu éviter une grosse pénurie sur le marché. Avec le buffer stock de nos détaillants et les collaborateurs qui ont travaillé pendant le confinement, l’impact de la crise a été considérablement limité.

Resiglas, spécialiste de la fibre de verre depuis plus de 60 ans, a dû cesser ses opérations. Un arrêt des activités qui a causé une baisse de 15% dans le chiffre d’affaires. Nous attendons cependant une reprise qui nous permettra de rattraper une partie des pertes.

Chez Racso, la livraison du Diesel a été grandement perturbée, car les activités dans plusieurs secteurs étaient à l’arrêt. Nous avons travaillé à 25% de nos capacités tout en assurant le service dans les domaines essentiels, dont l’agriculture.

 

Pendant le confinement, le groupe est resté en communication avec tous les employés. Nous avons souligné l’importance de suivre toutes les consignes de sécurité émises par les autorités afin de rester en bonne santé et être prêt à reprendre le travail à tout moment. Jean-Pierre Mamet, CEO du groupe a également rassuré les collaborateurs que tous les emplois seraient sauvegardés et les salaires payés intégralement lors de ces 2 mois difficiles.

Économiquement, au niveau du groupe il est certain que la crise sanitaire va affecter notre résultat financier à la fin de l’année. Le Board of Directors a eu et aura à prendre des décisions importantes pour s’adapter à ce nouvel environnement post-COVID.

 

Comment s’annoncent les mois à venir pour Aptis en cette année difficile ?

Aptis est un groupe solide qui a su résister à cette crise. Comme je l’ai mentionné plus haut, le Board of Directors prendra les meilleures décisions par rapport au contexte économique.

Nous avons un projet de construction d’immeuble de bureaux qui est on hold le temps d’avoir une meilleure visibilité sur le marché. En outre, chez Resiglas, les recrutements qui étaient prévus avant le confinement se poursuivent toujours.